Joseph Canteloube notait : "Le
principal intérêt des chansons populaires réside dans leur musique.
C'est elle qui les marque d'une empreinte souvent inoubliable. C'est elle
qui leur donne leur vrai sens, leur sentiment profond ; c'est elle qui les
fait vivre en leur permettant de se perpétuer sur les lèvres des hommes,
de pénétrer jusqu'au plus profond des cœurs, d'imposer leur charme, leur
grandeur ou leur beauté..."
D'autres
"analystes", plus littérateurs que musiciens, estiment les
paroles des chansons populaires plus importantes que leur mélodie,
celle-ci se limitant, pour eux, à quelques mesures répétées à chaque
couplet... Cet avis est éminemment contestable : il
suffit de se pencher sur les mélodies du répertoire traditionnel, certes
souvent composées de phrases musicales simples, pour noter leur
diversité et leur richesse.
Si le support
musical a, en tout état de cause, facilité la diffusion des textes, la musique
populaire vit aussi une existence propre dans un répertoire purement instrumental très
riche.
La
quasi-totalité de ce répertoire instrumental, mais aussi une part
importante du répertoire chanté, est orienté vers la danse.
De fait, les
rythmes prennent, dans la musique traditionnelle, une importance toute
particulière.
Les
rythmes des musiques à danser, réguliers, se calent souvent sur une
division ternaire du temps : la mesure à 6/8 y est prédominante. Les
temps sont alors bien marqués par les musiciens (sonnailles, claquement
des galoches...) mais aussi par les pas des danseurs dont les sabots
résonnent sur les planchers.
Les rythmes
libres sont plus spécifiques des chants d'improvisation :on les retrouve
notamment dans de nombreux chants de plein air.
Les mélodies
ont souvent des origines anciennes : répertoire des troubadours et
ménestrels du Moyen Age, musique liturgique...
Mais si la
tradition populaire a gardé les bases de ces musiques originelles qui
transparaissent notamment dans les échelles modales utilisées, elle les
a refaçonnées au gré des transmissions successives, marquées
profondément de son empreinte, pour créer un fondement mélodique
propre qui se caractérise par sa richesse, sa variété.
Les
instruments
utilisés ont aussi eu leur part dans l'évolution des mélodies : leur
mode de jeu, souvent modal , a sans nul doute eu une influence
simplificatrice sur la musique.