Toutes les
chansons rentrant dans ce genre, racontent une histoire avec humour,
sinon, avec un esprit moqueur...
Tous les thèmes
sont ainsi abordés ; le thème de l'amour n'échappe pas au genre, bien
au contraire c'est même souvent sous cette forme que la tradition
populaire a choisi de le présenter les occasions manquées comme
dans le thème du "Canard blanc",: la fille qui fait la
morte pour préserver son honneur, ou, à l'inverse la fille qui perd son
honneur avec, parfois, une certaine grivoiserie comme dans le
thème récurent du "Meunier"...
Les amours
déçus sont ainsi traités avec un humour d'où point, parfois, une
certaine nostalgie : de nombreuses chansons Cajuns, notamment, rentrent
dans ce cadre anecdotique pour décrire la situation des amants éconduits.
Le thème de
"La vieille fille" est souvent aussi décrit : la morale de
l'histoire invitant généralement les jeunes filles à éviter de tels
déboires...
Quelques
portraits satiriques, enfin, rentrent dans la catégorie : ivrogne
impénitent, valet facétieux, servante du curé...
Pastourelle
Issue du
répertoire des troubadours, les pastourelles étaient à l'origine des poèmes
racontant les tentatives de séduction d'une bergère par un chevalier :
échange d'un seigneur, souvent trop galant, avec une bergère...
Le thème de "La
claire fontaine", présent dans la plupart des régions de France
jusqu'au Canada, est un exemple du genre.
Par extension,
les chansons d'amour s'inscrivant dans un cadre pastoral sont souvent
répertoriées sous ce genre, même si l'histoire ne met pas en scène une
bergère : le thème très fréquent de "La belle est au jardin
d'amour" rentre dans ce cadre.
Toute la
symbolique de l'amour est présente dans ces chansons, souvent tendres ;
le rossignol, conseiller d'amour, y est souvent présent comme dans le
thème du "Rossignolet du bois" dont on trouve dans le
répertoire de nombreuses
variantes'.
Ballade et
complainte
Ces deux genres
proches nous viennent du répertoire des ménestrels.
-
Les ballades sont des poèmes lyriques qui, à l'origine, étaient
destinés à soutenir la danse. Ce sont des récits chantés,
relativement longs, au dénouement souvent sombre. Les ballades
s'inspirent généralement de situations vécues ; mais, tout en
s'appuyant sur des détails concrets et réalistes, elles dévient parfois
vers le fantastique.
Ce
genre rejoint celui des pastourelles lorsqu'il aborde les thèmes de
l'amour, comme c'est le cas pour le thème de "La Pernette".
-
Les complaintes, issues du Moyen Age, sont des chansons qui
racontent les malheurs d'un personnage souvent légendaire, comme pour "Le
Roi Renaud" ou "La fille du Roi Loys", thèmes
présents en toutes régions. Les récits s'entourent fréquemment d'une atmosphère
fantastique, comme c'est le cas pour le thème très fréquent de "La
Blanche Biche".
Chant historique
Ce genre rejoint
les ballades et autres complaintes, mais au contraire de ces genres, les
chants historiques s'appuient sur des faits réels : ces chants racontent
des évènements historiques, mettent en scène des personnages connus qui
ont effectivement existés.
Ainsi, les
nombreuses versions des "Complainte de Mandrin" et "Complainte
de Cartouche" peuvent s'inscrire dans ce genre.
Très répandue,
en France jusqu'au Québec, "Le Roi a fait battre tambour"
conterait le destin tragique de Gabrielle d'Estrées, Maîtresse d'Henri
IV.
Plus facile à
identifier, les nombreuses descriptions de batailles ou autres épisodes
militaires trouvent ici leur place ; le ton est alors
"officiel", ventant les mérites des combattants, et met
rarement en avant le triste sort des soldats : ceux-ci préfèrent
exprimer leurs craintes, et parfois leur désir d'insoumission, dans le
cadre de chansons anecdotiques, plus caricaturales et impersonnelles.
Comptine et
berceuse
Dans la
tradition populaire, les enfants ont une place de choix...
Les comptines
qui, lorsqu'elles sont dites sur les doigts de la main retrouvent leur
sens premier, sont, comme la plupart des chansons d'enfants, de brefs
couplets bien rythmés facile à retenir ; souvent des associations de
mots ou d'idées disparates leur donnent un coté extraordinaire.
Les berceuses
sont nombreuses ; chants souvent fredonnées, elles s'appuient sur des
textes simples et des couplets répétitifs.
Certaines
chansons étaient chantées par l' adulte qui faisait aller l'enfant,
installé sur ses genoux, au rythme de la chanson : ainsi avec "Tira
la resa" , chansonnette vivaroise que l'on trouve dans tout le
Pays d'Oc, on refaisait le mouvement de la scie des scieurs de long.
Rondes ("Nous
n'irons plus au bois"), incantations ("L'escargot",
"La coccinelle"...) et imitations des bruits familiers ("Greli-grelo"...)
complètent ce répertoire particulier aux enfants.
Chanson
jeu...
Les
adultes restent de grands enfants... Aussi n'est-il pas étonnant de
retrouver dans le répertoire traditionnel des chansons qui, tout en
traitant des thèmes du monde des adultes, s'apparentent par leur forme
aux chansons d'enfants :
-
Les chansons devinettes sont présentes dans de nombreuses
régions. Les textes sont simples, souvent complétés par des
onomatopées qui orientent les auditeurs vers la solution ; il s'agit en
effet généralement de trouver un objet familier ou un métier, souvent
caractérisé par ses bruits.
-
Les chansons mensonges s'apparentent aux devinettes, dans la mesure
où il convient d'imaginer, à travers une histoire souvent très
surréaliste, une histoire cachée ou les réelles intentions de l'auteur.
"Compère
qu'as-tu vu?" est un exemple du genre (voir illustration...).
Ce
genre, que l'on retrouve en particulier au Québec et en Louisiane, est
aussi utilisé dans quelques chansons à boire.
Chant énumératif
Ces
chants, que l'on appelle "randonnées" dans certaines régions,
étaient à l'origine des chansons de marches entonnées par les
compagnons et les soldats, mais les thèmes variés abordés dans le
répertoire montrent que les milieux populaires se sont appropriés le
genre.
Les
thèmes du "Marché" et de la nature ("Biquette","La
perdriole"...) se prêtent bien à ce type de chansons dont les textes se composent d'une
succession de phrases mises au bout des couplets précédents alors
répétés dans toute leur intégrité.
De
fait, ces chansons, chantés sur un rythme rapide, deviennent de
véritables exercices de dictions pour les chanteurs qui, au fur et à
mesure qu'ils avancent dans le morceau, doivent reprendre des couplets de
plus en plus longs sans oublier ni intervertir les phrases... Les
chanteurs du pays cajun, où l'on retrouve de nombreux exemples de ce
genre, trouvent peut être là un bon moyen pour conserver leur langue
natale...
Chant à répondre
Très
fréquent en toutes régions, ce genre s'appuie sur des histoires simples,
souvent anecdotiques, qui sont entonnées par un meneur puis reprises par
l'auditoire.
Pour
certaines chansons seul le refrain est repris, mais pour la plupart les
couplets sont découpés en phrases systématiquement répétées par les
participants.
Ces
chansons étaient entonnés aux veillées, mais aussi lors des
fêtes où elles soutenaient les danses : les mélodies sont alors entraînantes,
s'appuyant sur les rythmes des danses ; de nombreux laridés et
autres rondes bretonnes qui s'inscrivent dans ce genre, sont chantés à
capella, sans le soutien des instruments.
En
France, tous les thèmes peuvent être traités sous cette forme, de la
chanson d'amour à la chanson à boire, mais ceux-ci sont la plupart du
temps présentés de manière enjouée.
Chanson à danser
Le
répertoire purement instrumental n'était pas le seul à soutenir les
danses : lors des bals ou des veillées, les voix accompagnaient les
instruments ou s'y substituaient lorsqu'ils faisaient défaut...
Les
chansons à danser peuvent prendre différentes formes ; ainsi, les chants
à répondre se prêtent bien à cet exercice...
Ce
genre n'est donc pas vraiment spécifique, toutefois de nombreuses
chansons à danser se caractérisent, au-delà des rythmes qui les
soutiennent, par des couplets faits d'onomatopées propres à bien marquer
les temps : "la faridondaine" ou "les
laridons-dondé" sont ainsi très présents.
Les
rondes et farandoles, ainsi que les rigaudons et bourrées sont nombreux
dans le répertoire français. Les branles simples, doubles ou gay (plus
rapide) y occupent aussi une place importante ; ce répertoire est issu du
XVIème siècle lors duquel les branles étaient très en vogue.
Nos
cousins d'Amérique ont leurs propres rythmes : réel, d'influence
irlandaise, au Québec et two-step en Louisiane.
Rengaine
Ce
genre aurait pu être intégré dans celui des chansons à danser ;
toutefois, bien que généralement destinées à soutenir les danses, les
rengaines se caractérisent par des textes très simples, souvent courts,
et alors répétés, qui les font ressembler aux chansons enfantines...
Les
textes sont cependant beaucoup plus figuratifs ; tous les thèmes sont
abordés avec des prédilections pour la nature et l'amour, les textes succincts
favorisant alors la caricature jusqu'à une certaine grivoiserie.
Mais
plus que de raconter des histoires, leur objet était avant tout de relancer
la danse entre deux parties instrumentales d'un morceau.